E-cigarettes : un rendez-vous manqué ?

E-cigarettes : une révolution qui n’a pas eu lieu

En 2014, l’Oxford English Dictionary, dictionnaire le plus lu dans le monde, avait désigné « Vape » comme étant le mot de l’année. Il s’agit-là d’un hommage à l’essor impressionnant de la cigarette électronique, un dispositif alimenté par pile qui chauffe une solution aromatisée (e-liquide) contenant de la nicotine, pour la transformer en un aérosol inhalable ou « vapotable ».

Fin 2013, le marché des cigarettes électroniques pesait déjà un milliard de dollars. C’est également à cette date que la cigarette électronique est passée d’un gadget insignifiant à une menace potentielle pour l’industrie du tabac. Les journaux mainstream parlaient alors d’ « une des innovations les plus importantes des temps modernes en matière de santé publique », d’ « une technologie disruptive » sur le point de « révolutionner le monde ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que les choses ne se sont pas passées comme prévu.

En 2013, le vapotage relançait la lutte contre le tabac

A la base inventées pour les fumeurs qui ne peuvent ou ne veulent pas arrêter de fumer au sens propre, les e-cigarettes ne brûlent pas le tabac et n’émettent donc qu’une toute petite fraction des substances cancérigènes et des gaz dangereux que l’on retrouve en grandes quantités dans les cigarettes classiques… et encore. Certains dispositifs de vapotage ne contiennent quasiment pas de substances nocives, avec des e-liquides à 0% de nicotine, comme la marque Alfaliquid. Cela signifie que la vapotage est infiniment moins nocif que le tabagisme, qui cause plus de 7 millions de morts chaque année dans le monde. A moins d’avoir la possibilité de réaliser un sevrage brutal (nous ne sommes pas tous égaux face à l’arrêt tabagique), c’est bien l’approche de transition par la cigarette électronique qui donne les meilleurs résultats pour arrêter de fumer la cigarette.


Autre bonne nouvelle : les craintes initiales selon lesquelles les cigarettes électroniques « normaliseraient » le tabagisme chez les adultes et inciteraient les adolescents à commencer à fumer ne se sont pas concrétisées. Selon une étude américaine, si les fumeurs passaient tous à la cigarette électronique au cours des dix prochaines années, quelque 1,6 million de décès prématurés pourraient être évités à l’horizon 2100. En bref, les e-cigarettes ont suscité, à leur début, l’espoir de tous les acteurs de la lutte contre le tabagisme.

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Les restrictions sur la cigarette électronique relancent les grandes compagnies de tabac

À peine cinq ans plus tard, en novembre 2019, plusieurs centaines de fabricants de cigarettes électroniques se rassemblaient devant la Maison Blanche pour protester contre la décision du président américain Donald Trump d’interdire les e-liquides aromatisés qui équipent les cigarettes électroniques. Cette décision s’inscrivait dans le cadre d’une campagne culturelle et politique plus large contre les cigarettes électronique qui est passée à la vitesse supérieure l’automne dernier.

La campagne diffusait des rapports avec des titres alarmistes, alors même que les « études » mentionnées n’avaient pas abouti à des conclusions de ce type. Pendant ce temps, la valeur marchande des compagnies de tabac, qui avait diminué de moitié environ depuis 2017, a commencé à rebondir, probablement en raison de la confiance des actionnaires qui voyaient que la menace du vapotage était progressivement reléguée au second plan.

En Europe, et notamment en France et au Royaume-Uni, les gouvernements se sont montrés plus mesurés, suspendant leurs décisions aux décisions des organismes scientifiques indépendants. Ailleurs dans le monde, la cigarette électronique connait des fortunes diverses, avec parfois des décisions contradictoires, allant d’un extrême à un autre, au gré des changements politiques.

En une demi-décennie seulement, la cigarette électronique est passée d’un statut d’allié inespéré dans la lutte contre le tabagisme à une prétendue catastrophe de santé publique. Comment cela s’est-il produit ? Comment les responsables de la santé publique de certains pays ont-ils pu faciliter leur retrait des rayons des magasins tout en laissant à la vente des Marlboro mortels, par exemple ?

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