Faire payer le recyclage pourrait-il sauver la planète ?
Les pays riches ont commencé à expédier leurs déchets vers des pays où les travailleurs sont assez pauvres pour les trier à des salaires suffisamment bas pour faire des profits.
Depuis les années 1980 jusqu’à tout récemment, ce système a fonctionné sans heurts. Pourquoi ?
La Chine puis l’Indonésie
Parce que l’économie chinoise à croissance rapide exportait des lots de produits manufacturés et, au lieu de retourner les navires vides, ils étaient chargés de déchets que la Chine pouvait recycler. Certaines entreprises en Asie ont ainsi fait fortune.
Mais à mesure que la Chine s’enrichissait, le gouvernement a décidé qu’elle ne voulait plus être un dépotoir pour les déchets du monde. Récemment, la Chine a annoncé sa nouvelle politique nationale, selon laquelle la Chine n’accepterait plus les déchets non triés et avec une très faible marge d’erreur. La quantité de déchets transférés vers la Chine a donc bien chuté.
Et depuis l’interdiction de la Chine, c’est l’Indonésie qui a récupéré une plus grande partie des déchets plastiques dans le monde.
Le recyclage primitif
En somme le recyclage a souvent été associé à la gestion des déchets et ignoré par la masse. Les pays à bas coût peuvent tirer un revenu de cette activité parce que leur produit intérieur brut est suffisamment faible.
Lorsque cela n’est plus le cas, la politique change et les grands pays consommateurs de plastiques se tournent vers d’autres partenaires économiques.
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Le recyclage philanthropique
L’idée que nous devrions recycler parce que c’est la bonne chose à faire est en revanche beaucoup plus récente. Ainsi le recyclage est devenu moins synonyme d’action efficace, plus synonyme d’un sentiment de bien-être.
Dans les années 70, on vante les mérites du plastique jetable. Une famille qui utilise des assiettes en papier et des couverts en plastique pour manger et recevoir peut tout simplement jeter ses déchets dans la poubelle de cuisine à la fin du repas. Elle s’épargne ainsi la fastidieuse tâche de rinçage et séchage qui incombait à la ménagère à l’époque. Rien de plus facile que de recevoir des amis !
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Que nous dit la science ?
Cela semble correspondre aux recherches comportementales menées sur le sujet et qui montrent que les gens qui savent qu’ils peuvent recycler ont tendance à agir avec plus de gaspillage. Cela n’aurait pas d’importance si le recyclage était gratuit, mais bien sûr, ce n’est pas le cas.
Ainsi si l’on facture aux gens ce qu’il en coûte pour éliminer leurs déchets en toute sécurité, on les incite à les jeter illégalement, et c’est bien pire.